Ain (01)

Leaz 1692

La cluse de Gex est depuis l'époque romaine un passage naturel stratégique entre le Jura et les Alpes. Dès 58 av. J.-C., César fait bâtir une tour en bois — la "tour de César" — et une enceinte, ce qui n'empêchera pas les Helvètes de la prendre. Au Moyen Âge, un village se construit à proximité[1].

 Les principaux sites

      Le belvédère de Léaz est un éperon rocheux situé à l'extrémité est du village et surplombant le Rhône. Sur ce promontoire, culminant à 547 m, a été érigée la statue de la Vierge de Léaz. On trouve également sur cette hauteur les traces de l'ancien village et de son château, abandonnés à la fin du XVIe siècle, et dont subsistent les ruines du mur d'enceinte et d'une tour carrée. Du belvédère, on peut voir non seulement le Jura et le Vuache, mais également le village de Léaz, le Rhône et le Fort l'Ecluse.

      Deux viaducs se sont succédé. Le premier est édifié en 1879 et détruit par l'armée française en 1940. Reconstruit au même endroit, le nouveau viaduc est mis en service en 1943.

      Le pont de gresin  est un pont suspendu qui franchit le Rhône sous le hameau de Grésin. On peut y accéder en automobile depuis Grésin. En revanche, en direction d'Éloise, sur le versant savoyard du Rhône, seul un chemin de terre conduit au pont. Ce pont a été construit à la suite de la mise en eaux en 1948 du barrage de Génissiat et de la formation du lac de barrage, qui a noyé un ancien pont situé en dessous. Cet ancien pont avait eu dans le passé une importance stratégique, au XVIIe siècle. En effet, il faisait partie du chemin des Espagnols, par lequel les armées espagnoles étaient autorisées à traverser le Royaume de France pour rejoindre la Franche-Comté (alors territoire espagnol) à partir de la Savoie, en passant par Chézery.

Le viaduc de longegray, reconstruit après la guerre, peu après la gare de bifurcation de Longeray-Léaz pont ferroviaire de la ligne de Longeray-Léaz au Bouveret qui franchit le Rhône en sortie de la gare de Longeray-Léaz. Il est situé au hameau de Longeray sur le territoire de la commune de Léaz, dans le département de l'Ain dans la région Rhône-Alpes.

      Église Saint Benoît du Guiers de 1675.

      Le Fort l'Ecluse est un des derniers exemples de fortifications de montagne française de la 1ère moitié du XIXe. appelé également Fort de l'Écluse ou plus anciennement Fort de la Cluse) est un ouvrage militaire fortifié construit à flanc de montagne pour contrôler le défilé de l'Écluse passage du Rhône en sortie ouest du bassin genevois. C'est un site classé qui offre les vestiges de plusieurs siècles d'architectures militaires (tours, tourelles de guets, meurtrières, échauguettes, casemates, chambres à munitions...) Au XIIe siècle, le site appartient aux religieux de Saint-Claude qui bâtissent en 1184, une chapelle. En 1225, Amédée de Gex échange le site contre une abbaye, et en 1278, il y fait construire une maison forte, pour assurer le passage et prélever un droit  de passage sur les personnes et les marchandises empruntant cette importante route entre le bassin Lémanique et le Bellegarde [2]. En 1293, la famille de Gex cède le site au comte Amédée V de Savoie. Enjeu de conflits avec le comte de Jean de Châlon, la maison forte est prise est reprise en 1305, 1311 et 1318. En 1323, elle devient définitivement savoyarde et chef-lieu de châtellenie.

 

Vers la fin du XVe siècle, d'importants travaux de restauration et de consolidation sont entrepris. En 1536, les troupes bernoises s'en emparent et ne la restituent aux savoyards qu'en 1564 avec le traité de Lausanne. En 1590, les troupes genevoises assiègent le site qui se retrouve en l'état de ruines.

      Avec le rattachement de la Bresse, du Bugey et du bailliage de Gex à la France en 1601, par le traité de Lyon, signé entre le roi Henri IV de France et le duc de Savoie, le site devient territoire français. Tout au long des XVIIe siècle et XVIIIe siècle, les ingénieurs du Roi vont le doter d'une enceinte et d'une tour ronde (1638), de fossés et d'un renforcement de la muraille (1677), d'embrasures d'artillerie, d'une casemate, d'une passerelle (1690-1700), d'une place d'arme, d'une plate-forme d'artillerie, d'une nouvelle enceinte et d'une route passant à l'intérieur du fort (1721-1723). Cet ensemble constitue l'actuel fort inférieurLe fort défendu par une garnison autrichienne est pris par les Français du général Bardet lors d'une bataille livrée le 1er mars 1814.

       De 1821 à 1830, des travaux de reconstruction sont entrepris. De 1831 à 1841, un fort supérieur est construit afin de protéger le fort inférieur d'une possible attaque par la montagne, plusieurs casemates d'artillerie et de batteries-terrasses y sont aménagées. De nouveaux bâtiments de logements y sont aussi construits. Pour relier les deux forts un escalier souterrain de 1165 marches est creusé dans la roche.

Avec le rattachement de la Savoie à la France en 1860, Fort l'Écluse perd tout son intérêt stratégique. Durant la guerre de 14-18, le fort est réoccupé par des garnisons, afin de contrôler la route de passage. En 1936, un tunnel routier est construit dans la montagne sous le fort : il permet aux véhicules d'éviter la traversée du fort et de gagner du temps sur le trajet. Entre 1936 et 1939, des ouvrages militaires de type Maginot sont rajoutés pour contrôler à nouveau le passage.

       Durant la guerre le fort est occupé par l'armée allemande, puis après la guerre par l'armée française jusqu'à sa désaffection en 1956.

 
Le 27 février mil six cent nonante deux, je soubsigné confesse et atteste quayant ensepulturé h[onora]ble Benoist Brunet, mon père, bourgeois de Montréal [1]*, le 5 may 1691, ayant satisfaict à tous les devoirs funéraux, mais comme il est morts beaucoup de personnes pendant la p[rese]nte année, et que ayant vouleu satisfaire à la dévotion des parents des defuncts, soit aux messes de fonda[ti]on, je nay peu appliquer tous mes sacrifices, d[on]t pour le repos de lame de mon père.
Cependant six semaines on a oüi un grand bruit dans lad[i]te cure presque toute les
nuict et si vray que mes nepveux nosant couché seuls appelloient les voisins p[ou]r couché de compagnie avec eux qui ont eu part de la peur causée par le bruit et moy
certifiant estant dans le lict, je me sentis roulé de part et dautre dans led[i]t lict comme lors quon excite  un dormant p[ou]r leveillere. Je criat : qui est la ?

Une voix me respond en langue vulgaire [2]* : Il est jour
Je leve mon rideau et je respond : il n'est pas vray
Après quoy jentent un bruit tout le long de ma chambre comme si un avoit trainé un plain sac de bled. Je me leva promptement, je chercha partout, je ne trouve personne et cestoit laube du jour. A linstant jalla dire la s[ain]te messe p[ou]r mon d[i]t pere et comme mad[a]me Buffet vient a mourir, je feu occupé pendant une neufvaine de messes [3]* p[ou]r elle. Et les bruits de lad[i]te cure saugmentoit led[i]t soir 27 dud[i]t fevrier.
Un mercredy des quattres temps [4]* a neuf heures du soir pendant un temps de pluyes sans fins, venant de veoir un malade, le s[ieu]r Buffet de Lyon, p[ou]r la confession, estant entré dans mon d[i]t presbitaire et ayant fermé la porte a la clef par derriere et allumé la lampe p[ou]r faire ma priere, jentent un grand coup sur la planchié d'en haut en la chambre du dessus le pressoir, ou meme jentra, et soudain voyla un bruit si viollent que douze batteurs de bled nen auroient pas faict davantage. Le granie [5]* me tomboit dessus de tout coté comme la grele.

Je crie : qui est la haut
Point de reponse. Je sort et passe par la grande chambre et entre dans la petite ou je couche. Led[i]t bruit continue.
Jecria plusieurs fois : qui est lâ haut, respondé, que voulé vous
Et il neut aucune responce. Je le presse et luy dict : respondé de la part de Dieu, que voulé vous
Et p[ou]r lors jent[end]ois une voix qui me respond d'un ton pitoyable : et (dalent [6]*) ?, hoy.
Je luy demande p[ou]r une seconde fois : est vous en peine
Il me respond p[ou]r la 2[de] fois : hoy
et pour la 3[iè]me : je vous promet pere que je prieray Dieu demain p[ou]r vous
Il me respond p[ou]r la derniere fois : hoy
et fit en mesme temps encor un bruit en se trainant par le dessus de la chambre. Et de peur que je ne feut trompé par quelqu'un, jalla moy mesme au galata soit par dessus toute les chambres avec ma lampe allumée que je n'avois point quitté et chercha par tous les coins. Je ne trouva rien.
Tout le conteneu cy dessus est véritable sans adjout ny diminuer. C'est un homme de cinquante ans qui parle, p[re]tre et curé quine vouldroit pas conté des fables, et le lendemain, j'envoya prendre les p[re]tres du voysinage p[ou]r prier p[ou]r  le  respot  de l'ame de mon d[i]t pere. Ensuite de quoy nous n'avons oüi aucun bruit. Je certifie par foy et serment quil est véritable, ce 29 février 1692. Brunet curé.

*[1] Montréal-la-Cluse dans le département de l'Ain.

[2] Dans un mélange de patois et de français.

[3] C'est une période de neuf jours consécutifs pendant lesquels les fidèles font des actes de dévotion.
[4] C'est la première semaine de Carême
[6] Quelle est la signification de cette expression ?

   
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