Manche (50)

Le-Mesnil-Thebault

 

     L'ancien français mesnil, « domaine rural », est à l'origine de nombreux toponymes, notamment en Normandie. Thébault est une variante du nom de personne d'origine germanique Thibaut.

Pour l'histoire de cette paroisse voir le site ci-dessous

    http://histoire-isigny-le-buat65.over-blog.com/le-mesnil-thebault.html   

     Nobles hommes du Mesnil-Thébault, tout à la fois seigneurs et vassaux d'eux-mêmes » ! Cette apostrophe, datant de 1636, illustre parfaitement l'originalité de ce petit coin de terre que l'on imaginerait au premier abord « coincé » entre deux grosses entités féodales (la puissante baronnie des Biards et Isigny qui relevait directement des comtes de Mortain) et qui sut finalement jouer des ambiguïté de cette situation.

   « Pour vivre heureux, vivons cachés » disait le fabuliste Florian au XVIIIème siècle. Mesnil-Thébault, un peu à l'écart, longtemps dirigé par une petite seigneurie lointaine, sut se faire oublier de ces temps anciens. A l'origine, avant l'An Mil, il n'y avait là qu'une grande forêt appartenant aux Parain sous les frondaisons de laquelle s'installa lieudit « le Plant », une communauté de femmes. Leur chapelle St-Pierre fut le premier siège de la paroisse, même si plusieurs trouvailles archéologiques du XIXème  laissent entendre une occupation plus ancienne du site.

   Autre particularité : les habitants y furent longtemps francs de coutumes et même exempts de guet au château de Mortain car ils avaient à garder nuit et jour les pêcheries du voisinage de novembre à juin. L'apparition en 1195 dans les comptes de l'Échiquier de Normandie d'un Pierre Thébault, bienfaiteur de la première église, est à rapprocher de la période faste de la fin de la Normandie ducale qui bénéficia à toute la région.    L'autre chance des habitants fut de voir la paroisse s'en aller dès 1343, pour les dîmes (et donc les impôts !) à la lointaine abbaye de Moutons dans la forêt de Lande-Pourrie et, pour le séculier, à des seigneurs guère voraces, le principal fief, le Genestais relevant même directement des comtes de Mortain. Y habitaient en plus, les de Hauteville (1570-1750) qui étaient loin d'être en odeur de sainteté dans la région puisque protestants, qui finirent par abjurer vers 1685 et s'allier enfin en 1750 aux de Bordes sieurs de Chalandrey. 

Comme il n'y avait là, ni gros château, ni riche abbaye pour s'attirer de mauvaises rencontres, ce petit coin de Mortainais sut comme on l’a dit plus haut, se faire oublier, abritant néanmoins de nombreux petits hobereaux centrés sur leurs petits coins de terre : les « Le Maignen » (de 1570 à 1884 à la Mignonnerie où les restes du vieux logis furent abattus en 1825), les « Le Gager » de 1570 à 1780 à la Grande-Bercoisière, le

 s « de la Barberie » à Avalis jusqu'en 1759, les « Le Rogeron » au XVIIIème à la Gaulardière, les « du Buat » aux Fourcées jusqu'en 1854.

      C'est ce qui explique sans doute la relative prospérité de la paroisse où, sous Louis XV, on relevait une vingtaine de naissances par an. Le 13 juin 1748, l'évêque, accueilli lors de sa visite pastorale, premier grand rénovateur de l'église recensait 300 communiants, une centaine de feux et ménages soit près de 600 habitants et déjà deux écoles : une de filles tenue par Madeleine Coquelin et une de garçons administrée par Jean Le Saulnier et le vicaire.

     Jean Hantraye (né vers 1620), supérieur du séminaire d'Avranches, précepteur de la riche famille de Rohan, avait été un des pionniers de l'application locale de la réforme tridentine, et il semble donc normal que sa paroisse natale fut ainsi bien

administrée.

La Bercoisière

     Les registres paroissiaux de la commune du Mesnil-Thébault mentionnent à la fin du 17ème siècle le « Seigneur le Gager » propriétaire terrien à « la Bercoisière ». Les armoiries de cette famille se devinent encore sur le granite d’une cheminée de ce manoir époque XVème siècle et l’accès aux étages se fait toujours par un remarquable escalier hélicoïdal en pierre.

    Vers 1780, cette ferme-manoir devient la propriété de Pierre Guérin, propriétaire terrien au Moulinet et maire de la commune.

La période révolutionnaire ensanglante le bocage jusqu`au Mesnil-Thébault. La Bercoisière est une cache de prêtres réfractaires à la Constitution Civile du Clergé, dont en particulier, l`abbé Jean-François

Guérin que ses cousins dissimulent aux chasses des autorités.                

Le jeune prêtre exerçât auprès des villageois des environs un ministère héroïque jusqu`en 1793, date à laquelle il fut dénoncé et exécuté sans procès à Saint-Hilaire-du-Harcouët, L'église, pendant ce temps, fut dépouillée de ses ornements mais non dévastée et simplement fermée. Elle ouvrit de nouveau ses portes en 1803 avec le curé Charles-Nicolas Le Ricollais qu'on appelait le « grand curé » car, non seulement il était de haute taille, mais il savait tenir tête à son évêque. Sous sa houlette de 1803 à 1839, puis sous celle de l'abbé Guillaume Mesnil (1842 à 1885) qui engagea la rénovation de l'église terminée sous l'abbé Moisseron, la paroisse devenue commune se structura avec des citoyens dynamiques dont les frères Guérin demeurent le parfait exemple. C'est en particulier à leurs efforts et à leur capacité de fédérer les générosités et les compétences que Mesnil-Thébault aménagea son bourg et reconstruisit (1890) son église (2). Tous les deux vivaient à la Bercoisière et sont inhumés dans le cimetière du Mesnil-Thébault.Au gré des alliances et des héritages, la Bercoisière et son exploitation agricole demeurent au sein de cette famille jusqu`à l`époque contemporaine. La tourelle et sa poivrière ont fait l’objet d’une restauration complète en 2001 par le propriétaire actuel, rendant ainsi au manoir sa silhouette d’origine, bien typique de la région.

    A titre familial et se rapportant à l’histoire du Mesnil-Thébault, on doit évoquer la mémoire de la famille Guérin, très présente sur cette commune pendant plus d’un siècle et demi et particulièrement celle des frères Albert et Charles Guérin.

   Les inspections canoniques des années 1763-1764 de Mgr de St-Germain insistent sur un cimetière bien clos et une église « parmi les plus belles du diocèse » ! A noter que le presbytère fut construit en 1777. Une prospérité qui n'empêchait pas comme ailleurs, l'apparition de fulgurantes épidémies de « fièvres tierces »  qui, faute d'antibiotiques à l'époque, faisaient des ravages.

     En 1780, par manque de porteurs, indique la tradition, les morts devaient être transportés en leur dernière demeure par tombereaux entiers ! Ai vérifié sur cette année ainsi que sur celle de 1781 sans

trouvé cette mention ni le motif des décès qui effectivement m’a paru assez important 20 pour 10 naissances.

 A l'invitation de la châtelaine, on engagea des dévotions à St-Roch, patron collatéral de la paroisse après St-Pierre, qui était spécialement invoqué pour la préservation contre les épidémies, mais aussi pour la bonne santé des bestiaux et des cultures. Et miracle, tous ces malheurs cessèrent aussitôt ! En 1785, les registres paroissiaux signalent une averse de grêle dévastatrice et la fondation, par le riche et influent curé Nicolas Tancrel , de trois lits pour les pauvres à l’hôpital d’Avanches.

     Depuis 1760, il n'y avait plus que trois familles nobles sur la paroisse : les Le Gager à la Grande Bercoisière, les du Buat aux Fourcées et Tancrède de Hauteville, dernier seigneur du Mesnil-Thébault, qui représenta d'ailleurs la paroisse pour la noblesse, assisté du curé Tancrel, tandis que pour le tiers Philippe Cordon et Jacques Lemarchand représentaient la paroisse aux états généraux.

    En 1790, aucun des trois prêtres présents ne consentit à prêter serment mais ils restèrent en place jusqu'en 1792 où l'intrus Jacques Boursin resta moins d'une année en fonction. Le culte clandestin fut donc assuré par des réfractaires qui se cachaient le plus souvent au Moulinet dans la famille Guérin.

    La famille Guérin fut frappée directement quand quelques excités venus de Virey sous la conduite du révolutionnaire Hamonière s'emparèrent d'un de leurs enfants, Jean-François Guérin. Ce dernier, ordonné en 1785, attendant un poste définitif mais malade, fût arrêté le 5 mai 1793 et mourut le 9 mai, faute de soins à Saint-Hilaire où il avait été emmené. Sa mort fut vengée en août 1795 par les Chouans qui, informés d'un retour de permission d'Hamonière alors en garnison à St-Lô, l'attendirent au passage près du bois de la Gasneraie sur les Biards, le poursuivirent et finirent par le tuer dans l'avenue du manoir des Genestais.

   Durant tous ces temps troubles, le Moulinet continua d'héberger plusieurs prêtres, derrière le fond mobile d'un vieux meuble à usage de laiterie, dont le fameux abbé Prével, tué le 17 janvier 1796 aux Landelles.

 

acte envoyé par Jean Pierre Enault

 

http://recherche.archives.manche.fr/?id=viewer&doc=accounts%2Fmnesys_ad50%2Fdatas%2Fir%2Fetat_civil%2

FFRAD050_etat_civil%2Exml&page_ref=604573&lot_num=1&img_num=1

 

Le curé est nommé Doyen et doit etre installé  au Mesnil

 

le vingt six dernier (décembre) j’ai reçu une lettre de Mr

Lesné Francois Chanoine de l’eglise cathedrale

D’Avranches, trésorier et grand vicaire de Mesnil

Pierre Augustin de Belboeuf évêque d’Avranches

Qui me prie ainsi que messieurs autres grands vicaires

D’acceptere la commission de doyen rural de Saint-

Hilmaire du Harcouet, valante par la mort de Mr les curés de Landelles doyen et syndic de

Mr Mury curé de Landelles doyen et syndic de

Mrs les curés du diocèse , je fus à Avranches

Le dernier jour d’Aout je dis a ces mrs les raisons

Qui pouvoient me dispenser d’accepter la

Commission  ils ne les trouvèrent pas valable

En conséquence je fus nommé doyen le 2ème jour

De septembre 1780 signés de mr Labbé de Saint-Germain

Doyen de l’église cathedrale official et grand

Vicaire signée de Mr Hamelin secretaire de ……………..

Janeret ????? curé du Menil Thebault et doyen rural

De Saint-Hilaire ce 1er janvier 1781 

 

J’ai fait argentere la lampe de l’église il en coute

26 tt dont j’en ai donné 24 de moi. J’ai acheté le

Crucifix argenté chez Mr Besnon de Vilole Dieu il

Coute ??? tt j’ai changé l’encenssoir avec un autre

Il en coute 14 tt

J’ai encore fait blanchir l’église il m’en coute

22 tt j’ai acheté le drap d’or pour permettre pour

Supontion ???? du Saint-Sacrement il coute 5 tt

J’ai fait dorer la statue de Saint-Roch par Mr Sellé d

D’Ave=ranches il a couté 6 tt*

 

 

 

 

 

 

 

Le dixième jour de mai audit an 1761 après

les publications faites au prone des messes paroissiales

par trois dimanches tant en cette église qu’en celle

d’Échevis et Isigny sans aucun empêchement ni opposition

suivant les attestations des sieurs prieurs curé dÉchevis et

vicaire d’Isigny du jour d’hier  des bans du futur mariage

entre Pierre Montmirel fils de feu François et de feue Louise

le Ricolais laboureur âgé  de seize ans et quelques mois de cette paroisse

résident depuis quelques mois en celle d’Échevis, émancipé par

lettres de bénéfice d’âge par lui obtenues à la chancellerie du

Roi à Rouen le vingt sept septembre dernier signé

Sur le repli par le conseil midy collationné signée

Scellée et insinuée au bureau de Mortain le second jour

D’octobre de par le sieur Le Moine, entérinées au baillage

De Mortain par Monsiegneur lre lieutenant general civil et

Criminel et mrs les avocat et procureur du Roi que lui ont

Etabli pour curateurs, Mathieu le Ricolais  et Jean de la

Touche fils de Jean par l’avis desquels il doit se comporter

Le troisième jour d’octobre dernier et Jeanne de la Masure fille

De Michel de la Masure labr originaire de la paroisse d’Isigny

Résidents depuis plusieurs années en celle-ci âgée d’environ

Seize ans les fiançailles célébrées hier en cette église j’ay

Desservant soussigné reçu leur mutuel consentement de

Mariage et leur ai donné la bénéediction nuptiale en présence

Et du consentement dudit Mathieu Le Ricolais ayeul de l’époux

Labr résendent à Isigny et Jean de la Touche fils de Jean labr son

Cousiin résident à Écheris ses curateurs, de Jean de la Touche fils

Etienne lanr d’Échevis son oncle, de Jean Houstin labr des Biards

Son cousin, de Pierre Vaudois labr de cette paroisse son cousin

De François Poret et jean Prebel ses cousins et de françois Montmirel

Son  frère de cette paroisse, de Julien Nicolas labr son cousin

Anne Guerin Vve de Jacques le ………………… sa cousine, de Philippe

Pierre Le marchand Sr de la Ducquerie son cousin, de

Jean le Ricolais son oncle dud Michel de la Masure

De <Pierree de la Masure oncle de l’épouse, de Jean d’ ………

Son cousin de Madame et Mademoiselle de Hauteville et

De plusieurs autres parens et amis lesquels dénommes ont

Signé avec nous et ledit Bertier signé ou m arque lesdites

Lettres remises audit de la Touche

 

 
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