Saône-et-Loire (71)

À la postérité (suite)

         
 

mortalité du bétail, elle a commencé en Italie, de la elle est passée en Allemagne et ensuite en France par la comté, maladie si terrible sur les bêtes à cornes, boeufs et vaches qu'il y a des paroisses où il n'en n'eut point resté, fléau de dieu si grand que les hommes l'ont regardé comme le plus fâcheux de tout ceux qu'ils ont soufferts jusqu'ici tant par la perte que l'on faisait que par les terres qui demeurent incultes on a remarqué plusieurs sortes de maladie dans les animaux, les vers sous la langue que l'on ratisse fortement et que l'on frotte avec le sel, le vinaigre, les herbes fortes, les autres sont malades à la tête leurs yeux pleurent et distillent sans cesse, on en voit à qui l'humeur sort des yeux gros comme un petit pain, les oreilles sont pendantes, le poil hérissé, la tête et le museau contre terre, d'autres  ont  le  fiel dans le foie comme un sabot, à d'autres on n'y trouve pas un de plus innocent et qui a réussi à plusieurs c'est de donner à des bêtes force vin et surtout le matin et de faire parfumer tous les jours les herbes fanées de tabac et de l'assafochida ou (assa-foetida : Gomme-résine, roussâtre, obtenue par l'incision de la tige et du collet de la racine de cette plante ombellifère.  Puissant antispasmodique, a une odeur repoussante, qui affecte beaucoup les Européens ; les Asiatiques, au contraire, la mangent avec plaisir et en font un si grand usage, que parfois l'air qu'on respire, dans un endroit  où  il

s'en est consommé, en est infecté. Les anciens s'en servaient pour relever le goût de certains mets, et encore aujourd'hui en Orient, et malgré son odeur fétide, l'assa-foetida est un condiment des plus recherchés)  et  de  bien  envacher  (?)  les étables  avec la chaux vive et de les tenir proprement, tout le monde dans la consternation

 de perdre et les boeufs et les vaches à préparer partout les remèdes, il  n'y a point de compagnie de grands et de petits, de riches et de pauvres qui ne s'entretiennent de ce malheur qui est un véritable fléau de Dieu qui fait que toutes les maladies sont presque inconnues puisque ceux qui ont apporté plus de diligence et fait plus de remèdes en ont plus

perdu que les autres, on ne peut compter le nombre de ceux qui sont morts tant il est grand il y en a cependant quelques uns en reviennent mais ils sont très rare et ceux-là sont devenu tout pelés et la maladie est sortie de leur corps par une galle qui se répand sur toutes parties, 2 boeufs ainsi gueris sont estimés 800 livres si le mal ne cesse ils seront encore plus cher on jugera par là de la perte que font ceux qui avaient mis leur bien en bétail dont un grand nombre sont ruinés, Je connais un fermier qui en a perdu pour plus de 30 000 livres et à qui il en est mort 400 tant boeuf que vache grosse de veaux, on voit que la maladie ne se soit communiquée si vite et le mal étendu si loin, si les paysans eussent eu plus de précautions pour enterrer leur bêtes mais la douleur des uns et l'appréhension des autres qui n'osaient aller les secourir de peur d'apporter le mal chez eux faisait que les bêtes demeurent

et restent sur terre, ce qui enflamme d'avantage le mal et cause une puanteur effroyable que les voyageurs ne peuvent supporter, on vient de rendre un arrêt au parlement qui ordonnent sous de grandes peines d'encrotter aussi les bêtes mortes et de choisir dans chaque paroisse un lieu écarté qu'on appelle MALADRIE où on est obligé de mettre les bêtes, où l'on aperçoit le moindre mal, c'est une chose digne de compassion de voir les pauvres animaux attachés à un poteau dans un même pré ou pâture, où on leur porte du foin, de la soupe, du vin, des remèdes et tout ce qu'on peut s'imaginer.. Il y a par ordonnance des prières publiques faites par tout le royaume et même des jours de jeûne ordonnés par messires les évêques, les prières de 40 heures dans toutes les villes et dans les villages. Le très  saint sacrement exposé tous les dimanches avec les prières marquées et ensuite la bénédiction pensant près de 3 mois

       Partout les paroissiens s’en vont en procession  pour apaiser la colère de Dieu. Les uns vont à Saint-Sébastien, d’autres à la cathédrale d’Autun, au Grand Saint-Lazard et Racho, d’autres à St  Barnabé  en  Auxois  et d’autres à Saint-Grégoire proche de Saulieu et on voit dans les processions  une  modestie

et une dévotion qui marque bien la consternation des peuples et on ne peut les voir sans être touché et verser des larmes après avoir imploré le secours du Ciel, trouver des remèdes naturels.

         Chacun tente de se pourvoir de chevaux pour labourer la terre dans la crainte de tomber dans une seconde famine pareille ou plus fâcheuse que celle de 1709. La plupart ont déjà les charrues de

 chevaux qui par cet effet sont d’un prix très grand : 100 livres est peu de chose pour en avoir un, un peu passable et qui n’aurait  pas  valu  50  livres avant les foins,  avant je ne vois pas les hommes devenir meilleurs, ni changer de vie, au contraire on entend parler que de meurtres, d’injustices, de brigandages, de vols et de crimes qui attirent toujours les fléaux de Dieu, au lieu de les écarter par la bonne vie et la pénitence et les larmes.Ainsi tout est d’une cherté extraordinaire
et à la veille d’un grand malheur si Dieu courroucé n’apaise pas sa colère, mais quelque malheur que l’on redoute,

  Nous avons supporté un exemple terrible ; notre église de Saisy, la nuit du 4 au 5 ou 6 octobre a été volée, les fenêtres brisées, la porte du tabernacle détachée, la serrure est forcée,  les  saintes

hosties répandues, le soleil, le ciboire d’argent enlevés, on en soupçonne un malheureux passant qui est dans les prisons d’Autun, contre lequel nous n’avons que des indices. Nous avons fait la réparation le plus respectueusement  que nous avons pu ; le R.P. Tribolet, jésuite a prêché ce jour là et réparation a été faite, tout le monde ayant le cœur percé et les yeux remplis de larmes. J’ai porté sur le procès verbal qui en a été dressé Dieu nous préserve d’un si grand crime qui est ordinairement la source des punitions du ciel.                                                                                                            Tornnarve, curé de Saisy 1714

                       
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