Yonne (89)

Auxerre 1702

Saint Pellerin : décès d'un nain

 

Les bas quartiers de Saint-Père et de Saint-Pèlerin, habités par les artisans et les vignerons, conservèrent jusqu’au début du XIXe siècle un aspect pauvre et agreste. Aussi disait-on: « les ménagiers de Saint-Père qui font d’une allumette deux fois ( Il est vrai qu’on ajoutait aussi : « et d’une pinte de vin un coup. »),

Saint Pèlerin. — C’est par cette voie romaine qu’arriva saint Pèlerin au temps de Julien l’Apostat. Autessidurum, était l’unique grand marché de la peuplade des « Cambiovicenses » que Peutinger place dans sa carte, entre Autessio (Auxerre) et Ebirno (Nevers). Les premiers Gallo-Romains, convertis au christianisme par l’apôtre Pèlerin, se séparèrent des idolâtres qu’ils laissèrent sur les rives du Vallan et de 1’Yonne pour s’échelonner sur la pente montant vers le plateau. Ils bâtirent, en l’an 258, presque à l’angle de la rue de la Poterne et de la rue Saint-Pèlerin un petit oratoire auquel ils donnèrent le nom du saint qui d’ailleurs y baptisa les pre­miers néophytes à la manière de saint Jean dans le désert, les pieds

dans l’eau.
Les eaux de la fontaine qui servirent à saint Pèlerin à cet effet furent captées dans un puits. Ce puits a disparu sous la crypte de l’église qui a remplacé l’oratoire. Un cimetière fut créé sur le mont Autricus, le long du chemin du « Nivernois »,
furent inhumés les compagnons de saint Pèle­rin . Saint Amâtre, évêque d’Auxerre, qui avait été marié, y avait fait enterrer sa femme, Mar­the. A sa mort, en 418, il fut inhumé à côté d’elle. L’oratoire qu’il y avait construit et qui était appelé à devenir le siège d’une belle abbaye, devint le lieu de sépulture des premiers évêques. On y bâtit une basilique en l’hon­neur de saint Amâtre. Saint Corcodome y eut sa chapelle et saint Urse, évêque d’Auxerre, sa première cellule.

L’abbaye ne devint florissante qu’au XIIe siècle. Elle était installée au-dessous de l’église, près des murs d’enceinte.

L’église fut détruite en 1789; derrière il y avait une chapelle Saint-Didier (VIIe siècle); elle a été convertie en pressoir en 1790.

Le corps de saint Amâtre fut transféré au XIe siècle dans la crypte de Saint-Germain.

En 1166, quand on voulut élever les murs de la nouvelle enceinte on dut traverser le cimetière de Montartre. Une partie demeura hors ville et plus tard on y construisit la porte dite du Cimetière. Les inhumations se firent, à partir de cet instant, toutes dans la partie intra muros. Au fur et à mesure que de nouvelles églises s’élevèrent, on créa d’autres cimetières. Cela en fit huit avec celui de Saint-Pèlerin.

Du IIIe au XIe siècle, on n’entendit guère parler de saint Pèlerin qui a donné son nom à tout un quartier. Au XIIe siècle, en 1145, l’évêque Hugues de Mâcon donna l’église de Saint-Pèlerin à l’abbé de Saint-Père-en-Vallée (Saint-Pierre). Après divers remaniements, elle fut entièrement restaurée en 1632. Au XIXe siècle, sa partie antérieure a été transformée en logements, et le chœur, inachevé, a été affecté au culte évangélique. C’était une église à trois nefs d’après les ruines. On y voyait des fresques remontant à 1653. Sous le chœur était la crypte à trois nefs. C’est là qu’est le puits qui, selon dom Viole, servait de baptistère.

Saint Pèlerin fut arrêté à Entrains par les soldats de Dioclétien en 308 et martyrisé.

Il fut inhumé dans un caveau qui donna naissance à l’église de Bouy (Nièvre). Le roi Dagobert fit transférer son corps sans la tête dans l’abbaye de Saint-Denis où l’abbé Suger lui lit dresser un autel.

Au XVIIIe siè­cle, au cours de fouilles, faites à Bouy, on découvrit dans le caveau une tête que l’évêque d’Auxerre Caylus fit authentifier pour celle de saint Pèlerin et il la fit enchâsser.

L’an de grace mil sept cent deux le huictiesme mars

A esté enterré dans le petit cimetière de cette paroisse

De l’ordonnace de Mr le prevost d’Auxerre et par l’ordre de

Monsiegneur l’evesque, un homme de quatre pids et demy

De haulteur environ, de cheveux noirs, de l’age environ de quarante

Ans trouvé dans leau par Estienne Bertrand le fils pescheur

Qui luy a trouvé un petit chapelet blanc. Ledit homme a esté

Enterré en présence de Claude Bazin et de Louis Compagnot voituriers paar terre lesquels ont signé, ledit Estienne Bertrand a desclaré ne scavoir signer

 
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