Yonne (89)
Champignelles
Je n'ai trouvé que cette histoire sur Champignelles. Et pourtant comme le montre les photos ci dessous il y a eu plusieurs châteaux.... Le 7 octobre 1741 naissait dans un château proche de Champignelles une petite fille que l'on prénomma
Adelaïde-Marie. Son père était le comte Rogres de Lusignan de Champignelles, lieutenant général des armées du Roy, grand bailli des ordres de Saint-Jean de Jérusalem, ancien capitaine des gardes françaises, membre de l'Arquebuse royale d'Auxerre. Sa mère, née Lefebvre de Laubrière.
La fortune de ses parents était considérable. On lui trouva facilement un mari. Elle avait alors vingt-trois ans, le fiancé quarante-cinq. Il s'appelait Louis-Joseph marquis de Douhault, sujet à de terribles attaques de démence et ses crises le terrassant à l'improviste, En 1766, la marquise entendant des cris et un bruit de lutte se précipita et découvrit son mari tenant à la gorge son valet de confiance, le brave Lajoie. Courageusement elle essaya de s'interposer. Furieux, le marquis
lâcha son employé et se retournant contre son épouse la blessa sous le sein droit avec son épée. Le chirurgien mandé jugea l'état de la blessée inquiétant.
Pour la compréhension de la suite du récit, on doit préciser que la jeune femme était, du fait de ses diverses mésaventures, couvertes de signes particuliers: : coupure à la main droite, morsure à la main gauche, coup d'épée au sein, traces de piqûre à la nuque, claudication, cicatrices de vésicatoires sur les bras et la poitrine.
En 1784, son père, le comte de Champignelles meurt subitement. Marie a quarante- trois ans. Le frère en profite pour s’approprier les biens considérables de la famille.
La vieille comtesse peu habituée aux questions d'argent confie à son fils Armand la charge de régler pour elle ce
problème financier. II en profite pour s'approprier le domaine de Champignelles et l'hôtel de la rue du Foin, laissant à Marie la promesse de la dédommager ultérieurement en espèces sous prétexte d'un prochain mariage avantageux. Marie ne peut récupérer son bien.
Il envoie sa sœur chez des amis Mr et Mme de la Roncière chez qui il prend une prise de tabac et fait un malaise dont elle ne se relèvera pas !!!!!!!!!
Quelques jours plus tard malgré les soins de trois médecins réputés la marquise de Douhault expirait !!!!!!!!!! sans jamais avoir repris connaissance depuis la prise néfaste
Le corps fut mis dans le cercueil (tout du moins c'est ce qui a été dit) et la Dame de Champignelles enterrée. Le 28 janvier de la même année, sept jours après les obsèques de Madame de Douhault, la police amenait à la Salpêtrière une prisonnière qui fut écrouée sous le nom de Blainville
Après quelques jours d'hébétude la nouvelle détenue demanda pourquoi on l'appelait Blainville alors que son nom était marquise de Douhault née Marie De Champignelles, mais elle ne fut pas crue, malgré la vue des traces de blessures retrouvées sur son corps.
Relachée, elle va chez sa mère Après vingt-quatre heures de route, elle voit sa mère qui la met en garde
contre les agissements de son frère. Elle rencontre néanmoins ce dernier mais l'entrevue est orageuse et la marquise part pour Fontainebleau où pour une raison inconnue elle est arrêtée, jetée dans une chaise de poste et emmenée à la Salpêtrière.
Une seule personne, détenue elle aussi à Charenton gardait sa confiance à Marie. La brave femme, enfin libérée s'empressa de porter une lettre de sa protégée à Madame de Polignac proche de la reine et relation de la famille De Champignelles.
Sans doute convaincue de l'identité de la prisonnière, la duchesse de Polignac intervint auprès des autorités et la "Blainville" retrouvait rapidement la liberté. Rejetée de partout, c'est auprès de madame De Polignac que Marie trouva finalement asile et réconfort. Telle est la
version qui sera soutenue par madame de Douhault lorsqu'elle devra raconter les moments qui suivirent sa résurrection.
Cependant sous la houlette de Madame de Polignac, Marie, dont la ressemblance avec Monsieurde Champignelles est
frappante, côtoie les dames de la cour dont la princesse de Clinay, dame
d'honneur de la reine Marie-Antoinette.
Suivant l'exemple du comte d'Artois, frère du roi, madame de Polignac émigrera et la marquise de Douhault perdit sa protectrice et... ses revenus.
Elle essaya auprès de son frère mais il s'empresse de dépêcher auprès d'elle une femme de chambre perverse, qui sous prétexte de prêt par des usuriers lui fait part qu’elle doit prendre une autre identité afin de pouvoir bénéficier de subsides. Elle hésite quelque temps sur le nom qu'elle choisira et se décide pour adopter le titre de marquise de Grainville et signera à l'avenir de ce paraphe toutes les pièces comptables.
Sans le savoir, Marie signe des faux et est de nouveau enfermée à la prison de la Force, la marquise élabore le projet de revenir à Champignelles dès sa libération. Tous les habitants de la cité Poyaudine la connaissent et l'ont aimée.Après quelques mois d'atermoiements, Marie qui a retrouvé sa mère peu de temps avant son décès, bien réel celui-là, prend le
coche d'eau qui, remontant la Seine et l’Yonne, l'amène à Sens chez l'archevêque M. Loménie qui est son parent. Son Eminence la reçoit et la retient à dîner.
La demoiselle de Champignelles marche vers un unique but: son village natal.
A la fin du jour elle arrive à Champignelles.
Le lendemain matin elle se rend à la messe où des curieux la dévisagent. A la sortie de l'église, elle tend la main aux plus proches et miracle une personne puis deux, trois, enfin toute une foule reconnaît Mademoiselle Marie. On s'empresse autour d'elle et Jacques Godeau, l'épicier confie que la veille déjà, s'il ne l'avait cru morte, il aurait soupçonné la présence de la marquise. Une étrangère au village n'aurait pu connaître le chemin du château.
Pierre JEAUNEAU - Yonne,
Terre de Passion
Ouvrage édité par l'auteur en Juin 2003 (je n'ai pu joindre
l'auteur de ce récit je vous prie de lire l'histoire complète qui est des
plus complexes.
page 50