En effet, en ce qui concernait les bateaux, grâce à ces pertuis, à leur situation par rapport à la rivière et aux berges,  on pouvait les remonter à vide ou peu chargés.

Leur train livré, à Charenton ou au-delà, les flotteurs rentraient le plus souvent à pied et en quatre jours, après avoir navigué au mieux pendant une semaine, en moyenne onze jour et parfois un mois ou plus, selon les conditions de navigation.

Voici un  résumé, plus que succinct, de ce qu'était le flottage et les trains de bois.

  J'ai donc servi à transporter :

   -Les habitants se rendant d'une ville à l'autre ainsi que jusqu'à Paris "les Côches d'eau". (là aussi comme pour les flotteurs beaucoup d'ouvrages très bien réalisés, je n'empièterai pas sur ceux-ci  ma documentation étant très succincte.)           

   -Les denrées alimentaires, les vins, les matériaux (pierres, charbon, cendres etc.) "les  Voituriers".

  -Les bois, réunis en trains de bois : "les flotteurs".

   Après ces quelques petites explications, revenons à moi : l'Yonne.

    Le peu de dénivellation qu'aura ensuite mon cours après Clamecy ainsi que les nombreux affluents que je vais recevoir, vont augmenter sensiblement ma hauteur jusqu'à 60 cm par endroits et me rendre navigable.

   Bien grand mot car c'est au prix de barrages, d'écluses et quelles écluses,  il s'agit  de pertuis, et non d'écluses à "sas" comme on l'entend actuellement ; Celle-ci n'apparaît sur l'Yonne qu'au cours du XIXe siècle, d'abord sur le canal du Nivernais (ouvert en 1841), puis à l'aval d'Auxerre un peu plus tard.
      

     Au tout début, c'est grâce à ces retenues d'eau que les bateaux pourront, un peu mieux, naviguer mais la dangerosité existe toujours et les mariniers devront faire preuve  de discipline, de force, de savoir-faire etc.

   Attendu que je ne m'avoue pas facilement vaincue je vais leur donner "du fil à retordre" mais ce sera tout de même eux qui auront le fin mot.

    Il fallut me domestiquer. Si je m'étais assagie en arrivant dans les plaines je n'étais toujours pas navigable. Mon cours oscillait entre 30 et 60 cm de profondeur, au gré de la sécheresse, de mes crues etc. assez pour s'y noyer, pas assez pour y naviguer. Mes fortes crues, dont celle de  1658 qui atteignit sur Auxerre une hauteur de 8m81, je ne crois pas qu'il y en eut de

plus de haute et celles de 1910 qui ne sont montées qu'à 8m50 !!!! le 28 janvier (voir mardi 2 février 2010, il y a 100 ans l'Yonne rugissait), document adressé par une gentille co-listière à  qui je dois aussi quelques photos sur les barrages et écluses, emportaient les  ouvrages que les  hommes avaient mis si longtemps avec tant de peine, à ériger, causant parfois  de terribles accidents.

   Ces crues avaient  tout de même  leurs  cotés  utiles : ayant entraîné avec elles : pierres,  graviers, limons et sable et autres détritus,  ceux-ci se déposaient au fond lorsque je me calmais et formaient des gués  permettant  aux habitants de passer d'une rive à  l'autre  sans pour cela, être obligé d' aller  chercher un pont souvent très éloigné de leur  domicile ou de leur destination.

  Ils étaient très redoutés des voituriers et une entrave à la navigation.

   La manoeuvre pour les franchir était assez périlleuse et demandait  tout le  savoir de nos mariniers pour ne pas s'échouer, abîmer leurs  bateaux  ou  encore  les détruire.   

 Il en a été dénombré  77 entre  Auxerre  et  Joigny, 47 entre cette ville et Montereau sans compter ceux en amont. 

Heureusement, les   bateaux étaient à fond plat. D'une part attendu la faible hauteur d'eau, d'autre part  pour ne pas détruire les gués.  Attendu ma hauteur d'eau, les hommes vont commencer par obstruer des bras de rivière sur lesquels des moulins n'auront pas été construits, ce qui aura pour effet d'augmenter un peu ma profondeur, facilitant  le passage des bateaux , mais ce n'était pas suffisant. Ce seront les  barrages, et pertuis qui assureront un niveau d'eau correcte et aideront à la navigation. 

 

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