La navigation

et

ses difficultés matérielles

 

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       Comme je vous le disais dans la première partie, les hommes vont commencer par obstruer nombreux bras afin de me fournir un plus grand volume d'eau, mais ce ne fut pas suffisant On créa des barrages.  Des retenues.

          Les premiers sont  construits de façon très primitive : formés de planchettes reliées par une corde, leur extrémité, appliquée au fond de l'eau contre une pièce de bois horizontale et au-dessus de l'eau fixées à un câble attaché sur une rive  et enroulé autour d'un treuil qui servait à le maintenir fermé. La largeur était réglementaire : 24 pieds de largeur, soit 7m80 . 

  Pensez à la manœuvre : Lorsque la retenue avait atteint un niveau favorable et que des bateaux attendaient on lâchait   le câble. Cette "porte" s'abattait au fond de l'eau sous la force du flux et ils s'engouffraient dans le  goulet.   Passage périlleux des bateaux.  

     On devait remonter immédiatement la porte afin qu'un niveau d'eau reste correcte pour les  bateaux remontants et halés par hommes ou animaux sur un l'autre rive.

       Passage  laissé libre le long de la rivière qui s'est appelé :"le chemin de halage" qui avaient, eux aussi, besoin d'une certaine hauteur d'eau pour passer, surtout ceux chargés à la remonte. A force d'homme on enroulait le câble et la"porte"

remontait à contre courant,. Ainsi circulaient les bateaux en "trait montant" et en "trait descendant" .

           Une autre sorte de pertuis, un peu plus solide : ouvrage en charpente ou en maçonnerie, fermé  verticalement par de petites pièces d'équarrissage posées contre le heurtoir du seuil et contre une poutre nommée la barre, tournant sur un pivot de fer fixé sur l'un des bajoyers.      

      Le bajoyer est la partie verticale de la maçonnerie d'un pertuis ou d’une écluse.

    La partie horizontale, sur laquelle est fixé l'axe pivot de la barre, le "chandelier", est composée du "plateau" et du "couronnement" (en bordure du plateau, en haut du bajoyer)

    On  disait des bateaux descendants la rivière "en trait avalant". Ceux, la remontant en "trait montant". Le passage, réservé à ces deniers, était toujours situé proche de la rive car les bateaux étaient halés par les hommes et ou les chevaux (nous verrons le halage dans un prochain chapitre.

 

       L'ouverture de ce pertuis "faire flot", plus tard "une éclusée" Ces ouvrages étaient souvent emportés par les crues et tout était à refaire.

       Les bateaux attendaient donc à l'entrée des pertuis que le niveau soit assez haut et qu'il y ait un nombre suffisant de ceux-ci. Ces pertuis se trouvant le plus souvent à la hauteur des moulins, ces derniers se trouvaient en chômage le temps du passage des bateaux. (On verra par la suite, dans les redevances, le coût qu'entraînait l'ouverture du pertuis des moulins et autres).

       On ouvrait donc et ils s'engouffraient, happés par le courant, ballottés de parts et autres et piquant de l'avant jusqu'à ce qu'ils retrouvent, plus loin, le calme de la rivière. Il fallait toute la maîtrise et le savoir-faire de ces voituriers pour les franchir.  

       Seuls les bateaux « avalant » sans arrêt pouvaient descendre « sur l'éclusée » sans chevaux. Les bateaux montants ou descendants avec arrêts devaient être tirés.

       Alors qu'au début le pertuis était ouvert à la demande du voiturier, il dut par la suite être réglementé.

       Les meuniers sont enjoints de laisser ouvert les pertuis en tout temps que la rivière aura 2 pieds d'eau (environ 65cm) et lorsque les eaux seront plus basses et nécessiteront sa fermeture  d'ouvrir ce dernier à toute réquisition du voiturier ou flotteur.

       On comprend aisément qu'une fois l'éclusée lâchée les bateaux parcouraient assez rapidement la distance les séparant du prochain pertuis. Pour conserver un niveau d'eau sensiblement identique à la rivière, sitôt qu'on voyait l'éclusée précédente arrivée on ouvrait le pertuis afin de libérer et ainsi de suite de pertuis en pertuis.

       Il a été établi que vers le début du 17ème siècle, une éclusée ou crue artificielle franchissait les 120 kms entre Auxerre et Montereau entre 26 et 49 heures, grâce justement à ces ouvertures ponctuelles et vers la fin du 19ème siècle il ne lui fallait plus que 32 heures, soit 4 km à l'heure.

       Ainsi, les bateaux, principalement les premiers arrivés avaient le temps de s'amarrer à la rive, de décharger et recharger leurs bateaux avant la fin de l'éclusée. Ils pouvaient repartir avant l'échouage du à l'affameur. (Au moment de l'éclusée, le niveau d'eau au passage laissé ouvert pour la remonte était très bas, cette période de basses eaux s'appelait "l'affameur". Lorsqu'ils étaient chargés à la remonte, les bateaux ne pouvaient franchir "l'affameur" Il fallait que le niveau d'eau soit d' environ 2 pieds, soit 65 cm .

       Alors que la descente était favorisée par l'éclusée qui l'entraînait, à la remonte hommes et bêtes  lutaient contre le courant afin de passer avant "l'affameur". 

       Mais la rivière était très dangereuse et les accidents n'étaient pas rare malgré la réglementation qui voulait que le bateau «avalant» avait priorité sue le bateau «montant». C'est ainsi qu'en 1564 son mari, marinier, était sur le bateau d'un voiturier descendant l'Yonne, en passant Montereau à une lieue plus loin à l'endroit dit : «la Gollette Pinsevent» un bateau montant aurait refusé la priorité (déjà à cette époque) au bateau descendant, malgré que ce dernier se soit manifesté. Par contre je ne sais si il y a eu collision ou si c'est simplement en voulant l'éviter mais le bateau sur lequel était ce  marin a «peril» et le  marinier est

  

mort noyé  dans cet accident. La veuve traîne donc l'autre propriétaire devant les juges et réclame 200 livres parisis ou autre somme raisonnable. La veuve reçu 2 ou 3 provisions du tout de 40 livres parisis.  Mais le propriétaire se défend, , dit que le naufrage est dû au conducteur du bateau descendant, que lui était entré dans ladite goulotte avant l'autre et que c'est lui qui avait priorité, qu'il s'était, après les injonctions faites, bien rangé et qu'il y avait la possibilité  de passer de front à 3, 4, voire 5 grands bateaux sans toucher le sien et que par conséquent
 il n'est tenu en rien envers ladite veuve à aucune réparation. Il réclame même les provisions déjà versées à ladite veuve et cherche à obtenir de son coté, pour préjudice moral, la coquette somme de mille écus soleil, eut égard à son bateau et marchandises qu'il a été obligé laissé durant le procès. L'arroseur arrosé, la plaignante versera 25 «escus» soleil au marinier. Cette plainte n'est pas la seule.

   Avant d'entreprendre les difficultés tant matérielles que pécuniaires qu'engendraient un transport , je vais terminer la navigation avec les deux trafics. Le « petit trafic » et le « grand trafic »

 

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