Eure (27)

Ezy-sur-Eure (suite) : Grand froid de 1709

 

a tous les marchés si fort qu’au mois d’Aoust il valoit 82 tt------ le septier jusques a 85 tt------le plus beau. L’orge monta jusques a 45 tt le septier et même jusques a 50 tt------. Je donnay toute la mienne que j’avois encore pour ensemencer la paroisse a crédit et a 30 tt------ le septier ce qui en produisit beaucoup dans la paroisse car les bleds gelés estoient a Coutumel la plus grosse saison. On fit des rôles pour nourir les pauvres en conséquence des arrests des Parlemens. On payoit un sol pour livre des deux tiers de son revenu, l’autre estoit exempt. Les portions congruës exemptes et les hopitaux. Monseigneur de Vandôme paya 60 tt------ pour les pauvres d’icy pour les 2 tiers des 1800 tt------ de rente. Alors le pain de son fût fort commun, tous les pauvres en vivoient ; on le fesoit remoudre auparavant et cette remouture estoit encore fort chère. On faisoit aussy du pain d’avoine. Monseigneur de Vandôme, celuy qu’on appelle Louïs Joseph, qui avoit fait tant de beaux exploits en Italie, estoit alors retiré a Anet pendant qu’on prenoit toutes nos frontières. Son Altesse fort touchée de la misère des pauvres fit faire du pain d’avoine pour en gouter et voir si on en pouvoit vivre ; celuy la estoit passable, j’en goutay ; mais celuy des pauvres gens étrangloit tant il estoit rude et amer ; j’en goutay exprez ; a chaque bouchée il falloit un coup d’eau pour le faire passer. Il estoit impossible d’en manger sans beurre ou fromage ; pour rendre ce grain un peu bon il ne falloit tirer

qu’une quarte de farine sur un minot de grain et alors il revenoit a aussy  herbes semblable au manger des cochons ;  mais  on  n’en cher que celuy d’orge. La plus part se voient plutot morts que d’en manger. On en essaya de toutes manières et il ne s’en trouva point de bon. Le pain de sarrazin estoit meilleur. Il tiroit sur le verd d’ou bis verd, mais on ne le goutoit guère plus que celuy d’avoine. On en fit beaucoup de pois cela en fait comme de la cire jaune avoit néanmoins le goût De purée et on ne trempait point dans  la soupe. Néanmoins il semblait meilleurque l’avoine et le sarrazin. Les pois rendoient beaucoup de farine c’est pourquoion s’en servait beaucoup particulièrement ……………avec l’orge qui sembloit bonne alors. Les grains noirs estoient  les meilleursils valurent jusqu’à 36 tt le septier, les gris 30 tt, les lentilles  32 tt elles estoient meilleures au pain  que les pois. On se servait aussi de fèves et de …………….. au grain mais on n’en fit pas de pain. Elles se vendoient comme les pois. Au haut pays on se servait de vesse a faire du pain, mais on n’en fit point icy et on fit aus avec du son gras, de toutes sortes de grains et desfit pas icy. Cependant il ne mourroit personne. Les pauvres estoient et n’avoient plus que la peau et les os. Quand l’aoust fut venu il se trouva une quantité prodigieuse d’orge dans le haut pays et dans les vallées on en mist bien au four pour les ………. Les plus méchantes terres avoient les meilleures orges. Les bonnes  terres furent ……….. dans les vallées par une foudre qui vins le premier jour de juillet lorsqu’elles commençaient à épier. Neanmoins le grain en fus bon. Les terres  les terres avoient 4 ou 5 labours parcequ’on avoit resemé sur sur le bled et il vins des pluyes continuelles jusques a la Saint-jean. Jamais on n’avoient eu de si belles orges. Les épis estoient 2 ou 36 fois longs comme a l’ordinaire. On resema peu d’orge dans le haut pays parcequ’elles estient trop cheres et que les terres ny estoient pas propres ; Néanmoins elles valurent  mieux que dans les vallées. Une bonne acre (environ 52 ares selon le pays) voudoient jusqu'à 600 gerbes dont il ne falloit que 20 au septier, c’estoit plus de cent minots l’acre (1 minot = 1/2mine=1/2 setier) soit le minot = ¼ du setier = 38 litres) (1 setier = 152 litres, une mine =76 litres, le minot = 38 litres) un bon arpent rendoit icy 400 gerbes. Les arpents communément vendoient depuis 40 jusques a 60 minots. Il y en eut qui allèrent a 80 minots ou bien prez. Si on eut ensemmencé sous le haut pays on n’auroit pas  pu trouver où engranger  les gerbes qui estoient grandes comme du bled On recueilloit plus dans 6 acres d’orge que dans 20 acres de bled ordinaire Malgré l’abondance elle fut chere pendant l’aoust et les semences. Dans l’aoust elle valut 35 sols le septier jusques a 38tt en octobre 30 tt. En Xbre 27 à 28 sols et alla toujours en diminuant. A Pâques 18 tt  Pendant les semences elle diminua toujours d’un peu encore qu’elle Vint entre 13 et  14 sols la meilleure ; mais en juillet elle remonta jusques a 28 tt et ne redescendit qu’aux nouvelles, qui communement avec le seigle dez le 20 juillet. Il y eut des seigles dez le 15 Le bled dont  on croyait ne plus manger  se trouva en abondance Dans les hales, vieil et nouveau. C’estoit le seul commerce alors  …….. Ceux qui le firent avant  aoust devinrent riches . Il en vinoit une si Grande quantité de Normandie qu’on ne scavoit ou les mettre dans Les hales. Le Roy fit défense d’en reserver plus de trois marchez ; mais Il n’en  versoit point Il falloit le déclarer on fit ouvrir tous Les greniers mais il ne ramendoit ou s’il ramendoit au marcher, il réhaussoit du double a l’autre tout le monde en faisoit provision Et des greniers en secret suffiront a Houdan a 82tt le Septier, mis dez que l’aoust fut passé le bled remonda tout doucement en soit qu’il ne passa plus 75 sols et continua tout doucement a ramender après les semences le meilleur ne valoit plus que 60 sols et diminua toujours jusques a l’aoust 1710 ou il ne valoit plus que 30 tt le septier. Le bled nouveau vins en abondance de Normandie
   
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