Yonne (89)

Irancy

1568 et 1691

 Irancy (en latin Irenciacus, Iranciacum) commune annexée depuis l'arrêté consulaire du 15 vendémiaire an 10 (06/10/1802) au canton de Coulanges-la-Vineuse, est situé au centre d'un vallon profond creusé dans les hautes collines du versant de droite de la vallée de l'Yonne. Ce vallon dominé au nord, à l'est et au sud-est par le sommet des plus hauts plateaux de la contrée, présente la forme d'un immense cirque ou amphithéâtre tourné en plein vers
 le sud ouest. Il est situé à 18 kms d'Auxerre et à 18 kms de Chablis.
 
   
En 1568 la petite place d'Irancy subit une dure épreuve. Les  Huguenots  avaient  mis  le siège devant Cravant; cette ville bien armée et bien défendue ne manifestant aucune intention de se rendre, les assiégeants envoyèrent leur cavalerie, inutile, cantonner à Irancy. Mais les habitants, malgré la faiblesse de leurs remparts en partie en terre et la défectuosité de leur armement, se résolurent à la défense. Lorsque la cavalerie ennemie se présenta sous leurs murs son chef fut tué net d'un coup d'arquebuse.Les Huguenots voulant venger cet affront détachèrent un corps d'infanterie pour s'emparer de la ville qu'ils savaient incapable de sérieuse résistance; mais les défenseurs, surexcités par quelques chefs intrépides, repoussèrent trois assauts. Devant cette outrecuidance l'armée de cravant abandonne le siège de cette place et vint, sous le commandement du Prince de Condé, en personne, assiéger les faibles murailles d'Irancy.

Le canon fit facilement brèche et après un assaut qui coûta, dit-on, la vie à 700 combattants tant d'un coté que de l'autre les Huguenots pénétrèrent dans la ville qu'ils mirent à sac, massacrant, dit la

tradition, indistinctement hommes et femmes. Les corps furent jetés dans un vieux puits dont l'ouverture avait été comblée.

De fait on a retiré d'un vieux puits situé au bas d'une rue, qui avait conservé le nom de rue des Morts, des tombereaux d'ossements. Toutefois, sur les registres d'Irancy sauvés du désastre, mais interrompus ensuite pendant plusieurs années, on retrouve bien des nom qui y figuraient avant.

L'histoire d'Irancy est contée dans l'Annuaire de l'Yonne, en 1861. 

          Elle nous dit que Richard, dit le Justicier, duc de Bourgogne et Abbé de Saint-Germain d'Auxerre, fait don à son abbaye de divers héritages situés sur le territoire d'Irancy, confirmé par la Charte du roi Charles-le-Simple, datée de Troyes, le 22 avril 900. L'essor de la vigne à Irancy et l'histoire de ses habitants sont donc liés à l'histoire du Couvent de Saint-Germain jusqu'à la grande époque de 1789, par la justice, la perception de dîme et d'impôts et la gestion de tous les biens leur appartenant. 

Par devant les notaires Royaux soussignés ce avant midy. Le troisième jour du mois d'août 1792 comparut vénérable et discrète personne Estienne de la Roche, prêtre curé de l'église paroissiale de  St Germain d'Irancy, diocèse d'Auxerre, lequel pour satisfaire à lesdites déclarations du greffier d'une donation du sieur de Main-morte, du mois de décembre 1791 aux votes du Conseil d'Etat du 18 ème mars le 19ème juillet suivant, déclare que tous leurs biens immeubles et autres de pareille nature, et y appartenant le dépendant de la cure qu'il fait valoir par sa main, consistant aux choses  cy-après :

Savoir, cinq quartiers de vigne sis au finage dudit Irancy, lieudit La Côte du Montier, tenant du long aux ayant cause feu Me Nicolas CHAPOTIN, d'autre part, par dessus au sentier de dessous du chemin, lequel héritage a été légué audit Sieur Curé par feu Me François SOURIEZ, ci-devant curé de l'église, par son testament d'ordonnance de ses dernières volontés de dévoluer pour cinquante années de quatre livres, à la charge par ledit curé et sa succession encore de dire à perpétuité les

matines de nostre-dame dans toutes les fêtes et dimanches de l'année, en célébrant pour le repos de l'âme dudit deffunt.

avance par devant lesdits notaires royaux soussignés.

Laquelle déclaration ledit sieur de la Roche, curé a assuré être véritable et être pour ce faire valoir par sa main dépendant dudit bénéficiaire, se soumettant aux peines de l'Edit de déclaration de sa majesté à cause que s'y trouve quelques excès de .......................... ou obéir à la présente déclaration faite de par A signé :

 

Petit acte ci-dessus

 

Voici d'ailleurs ce qu'on trouve dans les registres d'Irancy 

Ici se présente dans les actes de Baptême une lacune qui s'explique par le siège et la prise d'Irancy qui eurent lieu le samedi six février 1568

 

Le déluge
          Une vieille chronique de Saint-Marien nous fait le récit d'un phénomène assez extraordinaire par lui-même, si l'on considère la position occupée par le village, pour que l'histoire ait pris soin d'en recueillir le souvenir. En 1223, survint à Irancy, à la suite sans doute d'un violent orage, car on ne saurait le comprendre autrement, une telle inondation (un déluge, dit le manuscrit) que toutes les maisons en furent envahies et plusieurs même renversées par la rapidité du torrent ; nombre de bestiaux périrent engloutis, des femmes furent entraînées avec les enfants dans leurs berceaux, des hommes emportés par le courant avec les pressoirs même sur lesquels ils avaient inutilement cherché un refuge contre la dévastation du fléau.

Irancy a vu naître en 1713 Jacques-Germain Soufflot

          Architecte du Panthéon, de la place Royale de Reims et de l'hôtel-Dieu de Lyon. Promoteur du style néo-classique, il est né dans une maison Renaissance de la rue principale, Un peu plus bas, on trouve la résidence de l'un des derniers représentants de l'ordre de Malte, le marquis de Créancé. Au-dessus de son habitation se lit la devise " A bien faire, ne rien craindre ". Rue de l'Équerre, l'heure tourne sur un cadran solaire inscrit dans un pignon depuis 1698. En se promenant dans les rues et ruelles, on peut découvrir les restes de maisons curieuses par leurs écussons et médaillons du 16e et 17e siècle sculptés dans la pierre extraite des carrières locales. Des statuettes sont restées dans les niches mais la plupart sont cassées.

L'implantation de la vigne 

          Dans la région date au moins du 2e siècle si l'on en croit un haut-relief découvert sur le site archéologique voisin d'Escolives-Sainte-Camille. 

          L'œuvre représente un petit vendangeur cueillant des grappes d'un raisin aux feuilles finement crénelées, le César. Ce plant aurait été apporté par les légions romaines. 

La terminologie en « y » 

            Suppose probablement une occupation gallo-romaine. Grands amateurs de vins, les Romains ont probablement apprécié à leur juste mesure les possibilités de la situation géographique d'Irancy. La tradition locale veut qu'il y ait eu des émeutes sanglantes pendant la Saint-Barthélémy, que le 

sang ait coulé dans les ruelles en pente, ce qui expliquerait le nom à caractère morbide de certaines voies, notamment la "rue des morts", située à l'extrémité OUEST du village.

Irancy est atteint par une pandémie de choléra en 1832

           Alors que la mortalité moyenne était de environ 30 décès par an, en 1832 il y a 97 décès dont 64 entre le 4 et le 29 mai. Les personnes décédées se répartissent sur toutes les tranches d'âge, de 6 mois à 92 ans. Dans certaines familles on déplore plusieurs décès (les deux époux, un parent et un enfant).

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