Yonne (89)

Joigny

Paroisse Saint-Jean

Fort bien située entre Auxerre et Paris, sur les bords de l'Yonne, Joigny se dote d'un pont dès le XIIesiècle au moins. Le comte en tirait les revenus du péage et la viticulture a contribué a enrichir la ville
Dans la décennie 1570, Saint-Jean faillit disparaître.
Saint-Jean, comme l'église qui l'avait précédée, n'eut pas de transept, mais on y dressa un jubé, disparu depuis. En 1759, la foudre frappa la flèche du clocher-porche, qui datait de 1609. Celle-ci fut remplacée par un clocheton surmonté d'un dôme, tel qu'on le voit aujourd'hui. Sous la Révolution, l'église n'eut pas trop à souffrir : elle fut utilisée pour les cérémonies officielles et le culte de la déesse Raison. En 1856, on ajouta une chapelle d'axe.
L'église Saint-Jean offre aux visiteurs deux belles œuvres d'art : le tombeau d'Adélaïs, du XIIIe siècle, et un Sépulcre du XVIe. Quant aux vitraux, ils sont dans leur très grande majorité en verre blanc, ce qui assure une grande luminosité à l'édifice.
On trouve néanmoins quelques tympans avec des vitraux Renaissance. Les verrières ajoutées au XIXe siècle ont toutes été brisées lors du bombardement de juin 1940.
La porte Saint-Jean et le clocher de l'église.
C'est une porte sans pont-levis qui daterait des reconstructions entreprises au début du XIe siècle.
Joigny est un exemple de création urbaine médiévale. Certes, avant la Révolution, la ville se situait en Champagne, non en Bourgogne, et fut fondée par le comte de Sens vers l'an mil.
Joigny devient un comté dans le courant du XIe siècle. Un château avec enceinte est construit et la chapelle castrale, actuelle église Saint-Jean, est église paroissiale dès la fin du XIe siècle. La Porte du Bois(XIIIe siècle), avec ses deux tours, est d'ailleurs la
aa
seule des quatre tours encore debout aujourd'hui.
La ville ne compte pas moins de trois églises : Saint-Jean (XVIe siècle), Saint-André (XIVe-XVIesiècle) et Saint-Thibault (1490-1529). Il faut aller admirer dans l'église Saint-Jean le tombeau (avec cuve et gisant) de la comtesse Aélis de Joigny (1135-1187). Cette église conserve en outre une très belle mise au tombeau du début du XVIe siècle, au style Renaissance déjà très marqué, et dont on ignore le
nom de l'auteur. On peut aussi voir à Joigny plusieurs maisons à pans de bois
 remarquables :On distingue le quartier du château qui domine nettement la vallée de l'Yonne, le bourg qui le jouxte et ses faubourgs. Joigny a sa Rue des Juifs, Maison de l'Arbre de Jessé, Maison du Bailly et Maison du Pilori notamment. Toutes datent du XVIe siècle. Elle sont donc un peu postérieures au Moyen Âge, mais peuvent aider à imaginer la physionomie urbaine médiévale de Joigny
En 1080, Geoffroy, comte de Joigny, donna une
 église dédiée à saint Jean aux moines venus de la Charité-sur-Loire pour fonder un prieuré (ce qui signifiait à l'époque un pôle de développement économique). Il ne reste rien de cet édifice.
Les parties les plus anciennes de l'église remontent au XIIIe siècle. Peut-être faut-il y voir les vestiges d'une chapelle primitive incluse dans l'enceinte du château féodal. Il est vraisemblable aussi que Saint-Jean ait énormément souffert de l'incendie de 1530, davantage encore que Saint-Thibault. Aussi, vers le milieu du XVIe siècle, construisit-on une nouvelle église sur ce qu'il restait du sinistre. Ces vestiges étaient de style gothique flamboyant. La reconstruction, entreprise de 1548 à 1596 par Jean Chéreau père et fils, fut de style Renaissance.
La source est un article paru dans le Bulletin des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne dans son édition de 1882 
Cet acte m'a été acressé par Robert
CHRONIQUE AUXERROISE DU DIX-HUITIÈME SIÈCLE
Par M. A. CHALLE.
Voici un fait local, aujourd'hui complétement oublié, mais qui eut alors un assez grand retentissement.
C'est une chute de foudre, le 25 juin 1759, pendant l'office, sur une église de Joigny, dont près de deux cents personnes
   furent plus ou moins atteintes. La lettre, que reçut l'auteur du maître particulier des eaux et forêts, son ami,
 sur ce grave événement, mérite d'être reproduite textuellement.

« Environ les dix heures, un peu plus du matin, le 21
courant,« c'était pour la petite Fête-Dieu, comme l'office finissait
et qu'une « partie du peuple, retenue par la pluie, refluait
abondamment « sous la porte d'entrée qui est sous la cloche de
saint Jean, le « tonnerre est tombé directement le coq qu'il coupé
deux,
« comme si on eût fait espèce cette de dissection avec un rasoir.
« Il est descendu tout le long de la flèche, où il n'a pas une« ardoise;
de là, rentrant dans du clocher, il l'intérieur est entré
« dans l'intérieur du mur de séparation de ce clocher d'avec les
« grandes voûtes de l’église, a coulé dans le milieu du mur
« jusqu’a ce que, parvenu au bas d'icelui, et trouvant de la
« résistance dans la pierre de taille qui forme la ceinture d'une
« arcade qui la termine, il a joué comme une mine. La partie
« du mur qui regarde la nef, étant la moins épaisse ou la moins
« résistible, a été chassée avec violence et s'est répandue dans
« toute la nef. Deux de ces pierres, l'une de six pouces en bas,
« l'autre moindre, ont été lancées jusqu'aux dernières marches
« du maitre-autel, à plus de cinquante pieds de l'endroit d'où
« elles partaient, je les ai vues, et avec tant d'efforts, que l'une
« d'elles ayant frappé le bras gauche d'un crucifix de matière
« fort dure qui est au-dessous de la grille du chœur, elle l'a
« cassé net. Plusieurs autres pierres ont fait à peu près les
« mêmes effets et étaient portées à différents autels, répandus çà
« et là aux piliers de l'église. Elles ont cassé les adossements des
« pupitres des bancs et ont fait d'autres fracas dans toute la nef.
« Une partie aussi du mur du côté du portail est tombée et a blessé
« plusieurs qui étaient dessous. En un mot, l'effort a
« été si grand, que trois de ces grosses pierres de taille, qui for-
« maient la ceinture l’arcade, ont été brisées en plusieurs de pièces,
sans pourtant quitter leur place, et bien heureusement, car
« sans cela moitié de l'église serait tombée. Ce qu'il de plus
« heureux encore, c’est que, par le même effort, la masse de
« foudre été divisée elle-même en un million de parties qui en
« a hâté le dépérissement, et qui, atteignant un grand nombre de
« personnes, a fait elles les effets les plus singuliers et les plus
« inconcevables. Mais qui peut rendre raison des effets du ton
« nerre ? Plusieurs personnes en ont été atteintes, les unes au
« visage, les autres au col, aux bras, dans le milieu du corps, au
« ventre, aux cuisses, et cela sans que les hardes, linges et tout
« ce qui recouvrait ces parties aient eu le moindre dommage ;
« d'autres ont eu mouchoirs, tabliers, souliers brûlés, sans avoir
« aucune marque ni accident. L'effet de ce feu sur la chair est de
« différentes formes. On prétend qu'il y a des personnes qui ont
« des fleurs de lys, d'autres des étoiles, une entre autres. sur le

« dos, ces chiffres 2735 bien marqués. Ces différentes marques sont
« brûlés et coupés en plusieurs pièces, un trou en rond, sur le
« dessus, de la largeur d'une pièce de douze sous la plante
« des deux pieds une ligne qui lui tient tout le pied comme si on
« celles à peu près d'un fer chaud qu'on passerait sur la peau plus
« ou moins légèrement. Un homme a eu le dessous de ses souliers
« lui eût passé le tranchant d'un rasoir tout le long, sur le dessus
« plusieurs lignes tracées même, mais qui ne tiennent pas tout
« le pied, et un des pieds percé de part en part. Un autre été
« a déchaussé fort proprement, un de ses bas est coupé à la hau-
« teur du gras de jambe, l'autre un peu plus bas, ses deux sou-
« liers emportés et brûlés. En ce moment on en porte un à l'Hôtel-
« Dieu qui, dans l'instant de l'accident et tout le jour n'a rien
« senti ni rien vu, se croyait très-bien portant et sans accident.
« Le soir, en se déshabillant, il a été tout étonné de voir qu'à une
« de ses jambes, près de la cheville du pied, il avait sept trous
« dans la chair et qui donnaient faiblement du sang. Il faut que
« ces blessures menacent d'une lente guérison. Je ne sais ce qu'il
« en arrivera. Il y a eu plusieurs personnes qui, comme ce dernier,
« ne sentaient aucun mal, se croyaient saines et sauves, et qui se
« sont trouvé des brûlures, des meurtrissures, etc., sans pouvoir
« se rendre compte, ni de la façon dont elles auraient été atteintes,
« ni de l'endroit, ni comment. Douze à quinze personnes sont
« blessées considérablement, dont quatre ou cinq bien malades
« deux ou trois trépassées, une desquelles est morte cette nuit.
« Le même jour, plus de quatre-vingts étaient entre les mains des
chirurgiens, d'autres s'y sont mises depuis, et beaucoup se sont
« fait soigner par précaution, à cause de la frayeur. Il y a bien
« deux cents personnes atteintes de quelque brûlure et meurtris-
« sure. On ne croyait pas d'abord qu'il y en eut tant et même si
« dangereusement. D'après ce récit, vous vous figurez sans peine
« l'horreur du tableau qui suivit, les cris, le tumulte, la confusion,
« l'effroi, que redoublent encore l'effet de la poussière, la fumée
« empestée de souffre, et l'obscurité qui dura quelques minutes,
« aussi épaisse que la plus noire des nuits. On ne voyait pas son
« voisin, tous criaient, tous hurlaient, tous vont et viennent
« sans savoir où, veulent sortir à la fois, tous se culbutent et s'écra-
« sent, excepté ceux qui avaient le plus besoin de secours qui
« leur fut refusé pour le premier moment. La confusion augmente,
« l'effroi redouble encore à l'ouie du tocsin qui sonne ou publie
« que tout est en feu. Cependant ce n'était rien. Le feu commen-
« çait et il fut éteint sur le champ. Il reprit une heure après, faute
« d'avoir laissé du monde pour veiller comme on devait après un
« tel accident. Mais il fut éteint de même, et on n'a point désem-
« paré jusqu'au lendemain
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