Histoire

 

     Au tout début de ma découverte  les anciens m'ont appelé "Deae Icauni". Nom que je portais au  2ème siècle. Après m'être appelée "Hinniua",

 "Yono", "Yconae", je  devins vers le 6ème  siècle "Imgauna" qui se transforma en "Icauna" vers le 9ème siècle (d'où le nom que porte les habitants de    l'Yonne : des Icaunais").  

     Je fus l'un des dieux topiques d'Autessiodurum (Auxerre). Le collège des Nautes, confrérie de mariniers naviguant sur les cours d'eau, m'avait érigé un autel. Par la suite mon nom se simplifia et on m'appela tout bonnement : "l'YonneJe nais dans les étangs de "Belle-Perche", proches du mont Prémeley, dans le morvan, (Nièvre) à une altitude de 850m.   On pouvait voir mes sources près du  petit village de Glux en Glenne. 

   Je vais vivre ma vie et faire vivre les gens qui s'établiront, navigueront et m'utiliseront  pour leur négoce, bien souvent à leurs risques et périls. 

Mon cours : 295 kms

     Comme un jeune enfant  je suis fougueuse, intrépide.

    Indomptable adolescente je vais  dévaler

les pentes de mon Morvan natal à bride abattue sur les 100 premiers km avec une dénivellation de 700 mètres. Je me fraye une route au milieu des roches  granitiques, entraînant tout ce qui veut bien me suivre et que, sans impunité, j'arrache sur mon passage : graviers, limons, galets, sable et  autres dépôts et déchets que la nature a mis en travers de ma route.

    Je gambade ainsi jusqu'à Armes et Clamecy. Grossie par plusieurs affluents tels :

    Dans la Nièvre :  le Beuvron

    A Cravant : la Cure.

    La maturité (enfin plutôt la pente relativement plus douce de mon cours) va me calmer. Je vais m'élargir dans la plaine, donner naissance à de nombreux bras, séparés par moult îlots  sur lesquels on construira des moulins à eau et les hommes, par leur persévérance, vont me dompter.  

     Il est dit aussi que je porte bateaux depuis Clamecy, mais c'est surtout à partir d'Auxerre que mon cours a été mieux régulé et que la navigation s'est trouvée améliorée. On disait que :

    - Clamecy / Auxerre  c'était la "petite navigation"

    -Auxerre / Paris  la "grande navigation.

 

Dans l'antiquité mon cours fut le théâtre de nombreuses  guerres entre Gaulois et Romains 

Les barbares

venus du nord y livrèrent aussi batailles.

J'eus aussi l'honneur de transporter rois et empereur.

Au 11ème siècle, le comté de Sens, réuni à la couronne, les rois de France prirent possession du château de  cette ville (emplacement de l'actuel palais de justice)

Je vis les visites répétées des rois : Philippe Auguste, Saint Louis. Ils séjournèrent dans cette ville ainsi qu'à Villeneuve le Roy.  Ils arrivaient par

     bateaux, depuis Paris, accompagnés de  toute la cour.

    En 1234 St louis arrive avec sa femme, Marguerite de Provence, pour le couronnement de cette dernière dans la cathédrale de Sens.

En 1248, Saint Louis descendra par la Seine puis l'Yonne jusqu'à Sens, en partance pour la 6ème croisade.     Je vis aussi passer la couronne d'épines du christ en 1239, orsqu'elle fut remise à Saint Louis, à Villeneuve l'Archevêque, qui l'avait achetée aux vénitiens qui, eux-mêmes la tenaient de Beaudoin III empereur de Constantinople.  

Saint Louis vint, en personne, la chercher dans cette commune et en remerciement de l'accueil fait par les

   habitants de cette ville leur offrit le portail de leur église Notre Dame.     En 1412 Charles VI  y  naviguera jusqu'à Sens pour rejoindre ensuite Bourges et repousser avec son armée, les princes d'Orléans retranchés dans cette ville. La peste s'étant mise dans l'armée royale, le siège fut levé et le roi revint dans les premiers jours d'août afin de signer une paix qui, malheureusement fut de courte

 durée.

     Le lendemain de cette signature le duc de Bourgogne embarque à Auxerre avec sa suite et 50 hommes d'armes.

         Il couche à  Joigny  et est rejoint par le roi et le   Dauphin.  Ils repartirent tous pour Sens, Montereau et Melun où le duc de Bourgogne demeura quelques temps au milieu de fêtes fastueuses avec les ducs d'Orléans, de Berry, de Bourbon et autres.

  En 1419, c'est le pont de Montereau qui est le théâtre de l'assassinat du duc de  Bourgogne : Jean sans peur.  En 1423, je suis le théâtre de la bataille de Cravant où les Anglo-bourguignons battent les troupes du Dauphin.  

    En 1815, époque pas si lointaine, près de deux siècles. 

mais quand on fait de la généalogie, on passe avec une telle facilité d'un siècle à

l'autre que pour nous c'est un saut de puce. En 1815  disais-je c'est tout naturellement l'empereur Napoléon 1 er qui, arrivé en marche forcée avec ses troupes jusqu'à Auxerre, décida de leur faire rejoindre Paris par voie fluviale.    Les mariniers sachant leur bateaux en mauvais état, peu surs, pas conçus pour transporter tant de monde, voulurent s'opposer à cet embarquement.

     Contraints, malgré eux, de charger les troupes, ils arrivèrent tout bien que  mal  jusqu'à Pont sur Yonne mais là plusieurs bateaux surchargés sombrèrent et beaucoup de soldats périrent.

    Comme pour mes bagnards je me suis trouvée entraînée dans une galère pas possible.

   Métier disparu depuis fort longtemps, (dans son nom initial)  plans de bateaux  inexistants etc. c'est la bibliothèque des Archives départementales d'Auxerre qui me fournit la majeure partie des renseignements regroupés et résumés ici ainsi que  l'aide de gens compétents faisant partie d'un groupe de mariniers et éclusiers.

     

 

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