Je me suis présentée et maintenant Colette va tenter de vous expliquer ce qu'était la navigation sur mon cours, ce qu'il fallut aménager pour me rendre "navigable",  bien grand mot et vous verrez pourquoi dans les pages suivantes.

      Quels étaient et comment étaient leurs bateaux ? Qui étaient ces hommes : ces "Voituriers par eau" (iau) Que transportaient-ils ? Où allaient-ils ? D'où venaient ils ? 

Voiturier : de voiturer : transporter ; On voiturait donc bêtes et gens, denrées alimentaires, vins et tous autres  matériaux.

     Les chemins trop mal entretenus et trop peu surs, le bateau fut utilisé comme moyen de transport et les hommes  furent :   Sur la Dordogne : "Gabariers" ainsi que sur la Loire où on les appelait aussi des "Chalandoux". Sur les rivières alsaciennes  : des Schiffers ou Shiffmann" ; sur le Rhône : des mariniers dits aussi des "Culs de Piau" en raison des culottes de cuir qu'ils portaient. Sur la Seine et la Saône : des "Mariniers".          

       Bien qu'en France une ordonnance de 1550 les désigna tous "Mariniers" ils conservèrent longtemps encore leur dénomination première.

 C'est en établissant la généalogie de mon mari, que je trouvais en 1650 un ancêtre qui se révéla être "voiturier par eau", à Auxerre et que, curieuse, on  ne m'en voudra pas, j'ai cherché à savoir ce qu'était ce métier.

Les flotteurs". Je ne dirai rien quant à cette profession, cela a été si bien fait par moult historiens, que je n'oserai pas m'y frotter. 

    Je me dois, tout de même, de préciser que, hormis Armes et Clamecy,  deux communes situées dans la Nièvre, ce flottage continuait, aussi,  jusqu' au  village  de   Chatel Censoir (Yonne)

C’est dans cette commune, que fut créé le premier train de bois  pour Paris le 21 avril 1547 par Charles Lecomte,  d'où l'importance de ce  lieu à cette époque là.

     Ces trains étaient constitués de  deux « parts »  semblables.  Chaque « part »  était  constituée de  sept « coupons »  normaux et  de  deux  dits  de « labourages », constituant les deux extrémités, qui devaient être plus solides.Le terme « labourage » est dû au fait qu’au passage d’un pertuis,

l’extrémité avant s’enfonçait dans l’eau, comme un soc de  charrue  dans   la terre. Chaque coupon mesurait environ 4 mètres de long et sa largeur correspondait à  4 longueurs de bûches, soit 4 x 1,14.

  Il n’entrait que du bois dans la construction du train et de ses divers éléments. Une bûche ou "moulée" mesurait  1m14.  Cette mesure est toujours en vigueur chez les bûcherons honnêtes qui vendent des stères de 1m x 1m x 1m14. Ces 14 cm étaient censés compenser les vides entre les bûches du stère. Ceux moins scrupuleux vendent des stères de 1,3 m3, pas plus, quand ce n'était
pas des stères de 1m3 tout net.  Des perches  souples de  4 à 5  mètres  de  longueur,  
portant des noms différents  suivant leur utilisation et des liens obtenus à partir de brins de bois d'essences

diverses  spécifiques,  que l'on assouplissait par torsion et dont le nom générique est « Rouettes ».

Les « parts » comme les « trains » étaient pilotés par deux personnes munies de «perches d'avalant" et postées aux deux extrémités.

Le poste le plus difficile était celui du devant. C’est en particulier à cause des pertuis que les trains ont été constitués de deux parts car pour avoir des câbles les plus courts possibles, les pertuis ont  été  ont été construits dans des courbes et la partie amont rectiligne ne dépassait pas 30 à 35 mètres. Ce qui était bien suffisant pour les bateaux de l’époque, mais pas pour un train complet mesurant de l’ordre de 70 mètres. Pour haler ces bateaux il fallait un système de treuil placé dans l’axe de l’ouverture du pertuis ainsi quqe pour le hallage manuel, qui nécessitait une faible distance pour obtenir le maximum de force.

Les trains étaient donc formés par l’assemblage de deux parts, l’une derrière l’autre, dès que la rivière le permettait. L’endroit le plus propice se trouvait en amont de Châtel-Censoir. 

Le nom de ce lieu est orthographié sur les cartes IGN « Les Gaures », dans les textes concernant le flottage « Les Gords ».

 
 

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